Outre le business, il ambitionne de réconcilier Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy - vaste programme, toutefois dans ses cordes. Alexandre Djouhri est intime depuis des années du premier - qu'il baptise ironiquement ?le poète? -, jusque dans leurs vacances. Du second, il conna?t surtout Claude Guéant, qui apprécie son culot et son entregent. Le microcosme murmure que le numéro?2 de l'Elysée serait ?marabouté? par Djouhri.
Son interventionnisme parfois brutal s'illustre dans l'affaire de l'Angolagate, dont le procès en appel vient de débuter - une vente d'armes remontant aux <a href="http://www.requinstnpascher.biz/"><strong>tn pas cher</strong></a> années?90 qui continue d'empoisonner les relations entre Paris et Luanda. ?Des contrats portant sur 50?milliards d'euros sont depuis en suspens?, souligne Hervé Seveno, ancien policier devenu l'un des ténors de l'intelligence économique et intime de Djouhri, pour justifier l'irruption de Djouhri dans le dossier. Relayant la cause de Pierre Falcone, principal prévenu du dossier Angolagate, il milite au plus haut sommet de l'Etat pour sa libération, quitte à faire pression sur des magistrats. Le conseiller justice de Nicolas Sarkozy, Patrick Ouart, jugé trop peu actif, n'y a pas survécu : il a quitté l'Elysée fin?2010 pour pantoufler chez LVMH après s'être plaint de menaces. Comme l'a révélé l'Express (1), Djouhri, aurait parlé de le ?fumer?. Simple propos à l'emporte-pièce ou héritage de son passé où l'on ne compte plus les coups <strong>tn requin taille 38 pas cher</strong>de feu ? Retour sur le parcours hors norme d'un demi-sel devenu tout puissant.
Des fusillades parisiennes…
Monsieur Alexandre Djouhri dirige un groupe de sociétés qui a notamment pour objet de participer, en association avec des groupes industriels fran?ais de premier plan, à des investissements importants dans des pays étrangers. A ce titre, il est amené à intervenir dans les négociations de contrats ou de marchés représentant des enjeux économiques et financiers considérables.? C'est ainsi que se présente volontiers l'impétrant, par avocat et papier bleu interposés, dès que son nom est prononcé dans la presse. Réfutant l'étiquette frelatée d'intermédiaire, revendiquant le statut bien plus seyant de ?développeur? en affaires.
Alexandre Djouhri est la preuve vivante que l'ascenseur social n'est pas en panne. Né en?1959 en Seine-Saint-Denis, il a troqué la fréquentation d'un milieu mélangé, dans les années?80, pour celle du CAC?40 la décennie suivante, avant de finir à l'Elysée sous Chirac puis Sarkozy. Trajectoire aussi météorique que singulière.
Sa première trace remonte à?1981 : Alexandre Djouhri, 22?ans, est interpellé pour vol à main armée autour d'une affaire de braquages de bijouteries. Rien ne sera retenu contre lui, casier judiciaire vierge. En?1985, puis?1986, il est victime de deux tentatives de meurtre en marge de règlements de comptes entre les Delon père et fils. Alexandre travaille alors pour Anthony, à qui Alain reproche de parasiter la marque ?Delon?. Le litige commercial dégénère en fusillades entre bandes rivales. Djouhri, ?conseiller technique? d'une bo?te de fringues de Delon Jr, échappe à une première algarade : dans un restaurant, le pistolet automatique pointé contre lui s'enraye, Djouhri achève à mains nues le désarmement de l'assaillant. Suivra une fusillade place du colonel Fabien, à?Paris où cette fois une balle de?11,43 se loge dans son dos. Sur son lit d'h?pital, Djouhri nie avoir répliqué en dépit de résidus de poudre prélevés sur ses mains. Blessé, donc victime, son casier judiciaire reste immaculé. Quelques protagonistes de cette affaire périront ensuite sous les balles.
Pour avoir dévoilé ces antécédents, Libération a été condamné, en?2007, à lui verser un euro de dommages et intérêts pour atteinte à l'intimité de sa vie privée : ?En l'absence de lien établi entre le passé d'Alexandre Djouhri et ses activités économiques actuelles, l'évocation de faits anciens n'est pas susceptible d'apporter une contribution pertinente à un événement d'actualité ou à un débat d'intérêt général?, soulignait alors le tribunal de grande instance de Nanterre (Hauts-de-Seine). Depuis, d'autres journaux, notamment le Nouvel Observateur, ont estimé ?pertinent? de revenir sur son passé sans subir les foudres judiciaires d'Alexandre Djouhri.
… aux rives du lac Léman
Dans une attestation de moralité destinée à le laver de tout soup?on, Bernard Squarcini, patron de la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur), souligne que son casier judiciaire est vide, ce dont personne ne doute un seul instant, mais aussi qu'Alexandre Djouhri est ?inconnu au Service de traitement des infractions constatées [Stic]?. Curieux : ce fichier de police est régulièrement critiqué pour recenser dans le même pot les mis en cause, victimes ou simples témoins d'une affaire, au risque de l'amalgame. Si Djouhri ne figure pas au Stic, f?t-ce en tant que victime de règlements de comptes, c'est donc que son dossier a été toiletté. Une autre ?fiche confidentielle?, estampillée ?très protégée?, précise à son propos (après rappel de quelques antécédents) à la rubrique ?confidentiel défense? : ?Individu à ne pas appréhender sur contr?le, signaler présence et informer service.?
La France a toujours eu recours à des intermédiaires à la réputation contrastée. Comme feu Etienne Léandri, figure historique du genre, condamné à la Libération pour collaboration avant d'être recyclé sous prétexte de guerre froide, devenu conseiller occulte de Charles Pasqua - tout en sachant dialoguer avec Fran?ois Mitterrand - et ma?tre des flux offshore. S'ils n'ont pas le même parcours, seul un Alexandre Djouhri peut se flatter d'un rapport aussi direct avec le président en exercice - via Maurice Gourdault-Montagne et Dominique de Villepin sous Chirac, via Claude Guéant et Bernard Squarcini sous Sarkozy. ?Du jamais vu sous la République?, souligne un haut fonctionnaire de la Défense.
Son ascension dans les sphères du pouvoir est passée par Elf et Veolia. Sa proximité avec Jean-Baptiste Andreani, ancien policier corse reconverti dans la sécurité privée, et Pierre-Yves Gilleron, ancien commissaire de la cellule antiterroriste de l'Elysée également sensible aux sirènes du privé, lui permet de se glisser dans le sillage des deux gestionnaires des commissions occultes du groupe pétrolier, Jacques Sigolet et André Tarallo. Avec eux, Alexandre Djouhri s'installe en Suisse au début des années?90, tout en conservant un rond de serviette à l'h?tel Bristol, à Paris. Sigolet s'est depuis rangé des voitures après avoir été victime de trois tentatives d'attentat sur fond de ventes d'armes en Afrique. Mais Djouhri est toujours là, en partenariat avec Mathieu Valentini, poursuivi dans l'affaire Elf. ?Il a vécu toujours en règle avec le fisc, précise Hervé Seveno. Et n'a fait l'objet d'aucune loi d'amnistie.?
Chez Veolia, il a d'abord pris la roue de Bernard Forterre, alors numéro?3 de l'antique Générale des eaux, candidat malheureux à la succession du patriarche Guy Dejouany. Après la parenthèse Jean-Marie Messier, notre ?développeur? est devenu omniprésent auprès d'Henri Proglio (cumulant les casquettes à la tête de Veolia et d'EDF). Djouhri est un ?ami personnel?, confessera pudiquement ce dernier lors d'une déposition devant la police. Alain Marsaud, ancien magistrat et député UMP, entre-temps recruté par la Générale des eaux, décrira plus directement leur relation, présentant Djouhri comme ?l'homme sans qui Proglio n'est rien?.
Il n'est sorti de l'ombre qu'en décembre?2004, à l'issue d'une nouvelle algarade dans l'h?tel George-V. Résurgence d'anciens réflexes ? Alexandre Djouhri décide alors de?régler à mains nues un différend commercial qui l'oppose à Mohamed Ajroudi, intermédiaire concurrent pour décrocher des contrats au Moyen-Orient. Après quelques verres au bar, Djouhri monte vers la chambre d'Ajroudi, le saisit par le col et lui assène quelques coups. ?Tu m'avais promis de ne pas le frapper?,s'écrie Alain Obadia, cadre d'Euro-RSCG travaillant pour Veolia, qui l'accompagne ce soir-là.
En novembre?2009, la cour d'appel de Paris confirme sa condamnation à 400?euros d'amende pour ?violence ayant entra?né une incapacité de travail inférieure à huit?jours?. Les magistrats réfutent le terme ?expédition punitive? défendu par Ajroudi, relevant que Djouhri n'avait rien prémédité : ?Le contexte n'évoque pas une action réfléchie, Alexandre Djouhri, passablement éméché, ayant quitté les personnes avec lesquelles il conversait au bar d'un établissement où il avait manifestement ses habitudes pour se rendre dans la chambre de Mohamed Ajroudi et lui chercher querelle.? Sa condamnation relevant non pas de la correctionnelle mais du tribunal de police, elle ne figurera pas à son casier judiciaire. Lequel demeure - on ne le répétera jamais assez - blanc comme neige.
Fiascos et belle fortune
L'affaire du George-V n'a pas entravé sa marche en avant. En mars?2006, Jacques Chirac est en visite présidentielle en Arabie Saoudite avec l'espoir de garnir un carnet de commandes militaires bien plat depuis des années. Dans son sillage, un dénommé Alexandre Djouhri. Maurice Gourdault-Montagne, sherpa du Président et obligé du ?développeur?, y a veillé. ?On nous l'a présenté comme un type très puissant, proche de Chirac et Villepin, se souvient un ponte de l'armement. Mais il n'avait aucune connexion avec le royaume.? Le périple présidentiel s'achèvera sur un fiasco commercial.
Les proches de Djouhri répètent qu'il ?défend le drapeau?, mouille la chemise pour décrocher des marchés au bénéfice des entreprises fran?aises. Mais, en dehors de quelques contrats d'eau dans les pays arabes, sa moisson para?t bien maigre. En Algérie, Alexandre Djouhri aurait un temps fait jouer sa proximité avec le général Larbi Belkheir, ancien patron des services de renseignements, en disgrace depuis?2005. ?Je suis étonné que les autorités fran?aises lui accordent un tel crédit, estime un homme d'affaires local. Il y a bien d'autres Franco-Algériens plus costauds. C'est incroyable que Guéant ne vérifie pas, en deux trois coups de fil, qu'il ne vaut plus rien !?
?Ce n'est pas un intermédiaire qui touche une commission parce qu'il aurait simplement mis en relation deux personnes, assure son avocat, Me Pierre Cornut-Gentille. Il négocie mais aussi investit, participe au tour de table.? Dénicher la trace de ses fameux ?investissements? n'est pas chose aisée, Djouhri n'apparaissant guère dans des sociétés immatriculées au registre du commerce. ?Il considère que la discrétion est la clé du succès, c'est sa nature, tempère Hervé Seveno. Il est légitime de se poser des questions sur lui, d'autant qu'il refuse de répondre aux journalistes. Cette discrétion a facilité la manipulation et l'intox à son détriment.? Le mystère sur sa fortune, qui lui permettrait d'investir aux c?tés des plus grandes entreprises fran?aises, reste donc entier. Quand des journaux affirment qu'il posséderait 8% de Veolia, Djouhri laisse dire. Mais, quand on cherche à vérifier auprès de lui, son entourage dément.
Le Libanais Ziad Takieddine, concurrent d'Alexandre Djouhri sur de juteux marchés, s'est laché, en mai?2010, dans le JDD : ?J'accuse Jacques Chirac et Dominique de Villepin, à l'Elysée, et leurs hommes, le diplomate Maurice Gourdault-Montagne et un homme de l'ombre, Alexandre Djouhri, d'avoir par leurs agissements fait que la France passe aujourd'hui pour un des pays les plus corrompus au monde et ne vende plus rien à l'international.? Acrimonie d'un intermédiaire balladuro-sarkozyste ? Le très chatouilleux Alexandre Djouhri a légitimement porté plainte.
Ses proches concèdent toutefois qu'il n'y aurait qu'un pas entre ?investisseur? et ?facilitateur?. Alexandre Djouhri déjeune avec Arnaud Lagardère, amuse Serge Dassault, fascine Henri Proglio, intéresse Jean-Louis Borloo, adore Yazid Sabeg… Ce dernier, PDG de la Compagnie des signaux et commissaire du gouvernement à l'Egalité des chances, lui sert à l'occasion de témoin de moralité ou de chauffeur. C'est dire la répartition des pouvoirs. En retour, Djouhri milite à l'Elysée en faveur de sa nomination à la présidence d'Areva : avec Yazid chez le fabricant de centrales nucléaires et Henri à la tête de l'électricien, plus besoin de fusionner EDF et Areva, pacsés de facto par les amis d'Alex ! La filière nucléaire rechigne encore à entériner ce touchant scénario.
Jamais avare d'un coup de pouce aux amis, l'entreprise Djouhri est venue au secours de Serge Dassault en son fief électoral de Corbeil-Essonne. Le principal employeur local, l'usine Altis de semi-conducteurs, étant menacée de faillite, compromettant sa réélection, l'avionneur déniche en?2009 un repreneur miracle : Germain Djouhri, fils d'Alexandre. Par la voix de son avocat, Djouhri père assure qu'il n'est pour rien dans le deal, son digne rejeton étant simplement précoce en affaires. Le bras droit de Dassault et maire consort de Corbeil-Essonnes, Jean-Pierre Bechter, la soixantaine bien tassée, présente Djouhri?Jr, tout juste trentenaire, comme un ?ami personnel? qui va ?sauver? Altis en investissant 30?millions d'euros. Acceptons l'incongruité, mais, comme souvent chez les Djouhri, on s'interroge sur l'origine des fonds. Pas bien longtemps : Germain Djouhri passe rapidement la main à ce bon vieux Yazid Sabeg, nouveau sauveur providentiel jugé plus crédible - quoique… Un ?ami depuis vingt-cinq?ans?, précise cette fois le bras droit de Dassault. Admirable cha?ne d'amitié qui laisse entière la question de l'origine des fonds : Sabeg n'ayant investi que 1 000?euros de sa poche, d'où proviennent les 140?millions promis dans son offre de reprise ? 40 d'un mystérieux ?investisseur privé?, 20?de l'Etat fran?ais, solde à répartir entre banquiers, futurs actionnaires qataris ou russes…
En Russie comme à la maison
La Russie ! Nouvel eldorado pétrolier, terrain de chasse pour aventuriers des affaires. ?Alexandre ne s'y intéresse qu'en raison de sa belle-famille?, nuance un proche. Car son fils Germain a eu le bon go?t d'épouser la fille d'un oligarque, Sergue? Niyzov. Petit oligarque, mais oligarque quand même. En mars?2010, Nicolas Sarkozy re?oit Dmitri Medvedev en visite officielle. En marge des grands discours sur l'amitié franco-russe, il est surtout question de vendre quatre batiments de projection et de commandement à la marine russe - un marché de 1,5?milliard d'euros. Moscou est demandeur, Paris est ravi de fournir un peu de travail aux chantiers navals de Brest et de Saint-Nazaire. Guère besoin d'intermédiaires.
Lors du d?ner officiel à l'Elysée en l'honneur du président russe, le plan de table est soigné : c?te à c?te, Alexandre et Germain Djouhri, le beau-père russe, Henri Proglio. Le lendemain, Nicolas Sarkozy remet en personne la légion d'honneur à Sergue? Chemezov, ancien espion du KGB en RDA (à l'époque supérieur de Vladimir Poutine), aujourd'hui président de Rostekhnologuii, office d'import-export du complexe militaro-industriel. Une breloque remise à la demande d'Alexandre Djouhri, selon plusieurs sources. Notre héros nie <a href="http://www.frannees.com/"><strong>Nike Tn</strong></a> toute intervention mais paradera lors du d?ner offert dans la foulée par le récipiendaire, selon le récit de la?Lettre?A, une revue confidentielle. ?Peu après la remise de la décoration, Chemezov, arborant fièrement son insigne rouge, a réuni une trentaine d'invités dans un salon de l'h?tel Bristol. Plusieurs industriels et hommes d'affaires étaient présents : Louis Gallois [EADS], Luc Vigneron [Thalès], Jean-Charles Naouri [Casino],?etc. Peu discret, comme à son habitude, l'homme d'affaires proche de l'Elysée Alexandre Djouhri allait de l'un à l'autre, embrassait chaleureusement son ami Yazid Sabeg.?
Libération était prêt à souligner l'intervention décisive de Djouhri en faveur de la balance commerciale de la France. Las, il décline toute responsabilité dans cette vente d'armes à la Russie. Son r?le se résumerait-il à celui <strong>nike tn en promotion</strong> d'un simple agent d'ambiance, au risque de nuire à son statut de ?développeur? ? Ou la vente des quatre navires soulève-t-elle un énorme problème de transfert de technologies ? Les deux premières seront construites en France, les deux suivantes en Russie, répartition classique entre chantiers navals. Surtout, ce ?couteau suisse? de la marine (200 m de long, capable d'embarquer 60?hélicoptères, 13?chars, 450?fantassins et un h?pital à bord) est bourré d'électronique. ?Est-ce que toutes les technologies seront transférées ? Cette question appartient à la négociation?,avait balayé Sarkozy. ?Cette transaction n'est intéressante que si elle est accompagnée en parallèle d'échange de technologie?, rétorquait cet été Poutine, reprenant le dossier des mains de Medvedev.
Les deux pays ont topé là en décembre. Selon le négociateur nommé<strong>tn pas cher taille 40 homme</strong> par Poutine, la France aurait accepté les transferts de technologie contre le versement de commissions hors normes - 20% du contrat, de quoi engraisser bien du monde et renvoyer à la préhistoire l'affaire des sous-marins au Pakistan. Alexandre Djouhri n'en a cure, son regard est déjà tourné vers la Chine, en défricheur pour le compte d'EDF. L'empire du Milieu…
(1) Djouhri a porté plainte, l'Express produisant en retour une attestation de Patrick Ouart selon laquelle les propos lui ont été rapportés par des voisins au restaurant.
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